Dictionnaire des Saints guerisseurs et des Saints dont le nom est associé à une maladie par le Docteur Michel Dupont

Jusqu’au XIXe siècle, l’efficacité de la médecine était très modeste, et les malades préféraient s’adresser aux saints guérisseurs. On donnait les noms des plus célèbres d’entre eux aux maladies qu’ils étaient censés guérir :

Sebastien

Natif de Narbonne, martyrisé par Dioclétien, alors qu'il était capitaine de sa Garde prétorienne mais qu'il s'était converti au christianisme : ses soldats, chargés de le transpercer de flèches s'arrangèrent pour le conserver en vie et il se rendit près de l'empereur pour lui reprocher sa cruauté envers les chrétiens : l'empereur le fit rouer de coups et jeter dans un égout ; il est le patron des archers mais il est aussi invoqué contre la peste car une épidémie se serait arrêtée à Pavie lors de l'édification d'une chapelle qui lui fut dédiée.

Agapit

Il vécut au IIIe. siècle : originaire de Préneste, il est étudiant en droit à Rome lorsqu'il est arrêté comme chrétien et sauvagement martyrisé par le fouet, les charbons ardents, l'eau bouillante ; invoqué pour les femmes en couches et les enfants.

Etienne

Le premier des sept diacres, il est condamné à être lapidé par le Sanhédrin, en 36, il sera le premier martyr ; tué par des pierres, il est invoqué contre les calculs ou pierres de la vessie.

Eloi (590 - 659)

Mal de Saint Eloi : Les ulcères

Naquit à Chaptelat près de Limoges. Apprenti chez le maître de la Monnaie de Limoges, il y montra vite un talent d'orfèvre sans égal. Le roi Clotaire II lui commanda un trône d'or et de pierreries ; avec l'or reçu, il réussit, à la stupéfaction du roi, 2 trônes magnifiques : il est aussitôt nommé Grand Argentier du roi. Mais bientôt il se détacha du luxe et des richesses qui encombraient sa vie et distribua tous ses biens aux pauvres. Ami de Dagobert, successeur de Clotaire, il obtint une terre à Solignac pour y bâtir un monastère mais il dut accepter l'évêché de Noyon où il poursuivit sa vie exemplaire.

Antoine de Padoue

Le Feu de Saint Antoine : les douleurs du zona

Né à Lisbonne en 1195, il entre au monastère augustinien de Sao Vicente puis à Coimbra où il étudie les sciences humaines et la théologie ; prêtre en 1220, il entre chez les Franciscains, séjourne au Maroc qu'il doit quitter pour raison de santé, il arrive en Sicile, puis à Assise où il vit en ermite au Monte Paolo ; puis à la demande de ses supérieurs, il devient prédicateur en Romagne, à Rimini, à Bologne ; à la demande de St François, il enseigne la théologie et il est nommé docteur de l'Église ; il est envoyé prêcher chez les Albigeois, à Montpellier, puis à Limoges, à Bourges, au Puy en Velay ; rentré en Italie, il est supérieur provincial en 1227 ; il séjourne à Padoue où il écrit ses célèbres Sermons et il se retire à l'ermitage de Camposanpierro où il meurt en 1231 ; il fut canonisé dès 1232.

Erasme

Évêque d'Antioche au IIIe siècle, il fuit les persécutions au Liban puis en Italie en Campanie où il sera martyrisé, arrosé à l'huile bouillante et ses viscères dénudés et enroulés autour d'un cabestan : il est invoqué pour les maux d'intestin. Comme il prêchait lors d'un violent orage, le ciel resta clément là où il siégeait, les marins l'ont pris comme protecteur.

Marcoul

Mal de Saint Marcoul : Les écrouelles

Né dans la colonie saxonne implantée à Bayeux, il est ordonné prêtre ; Childebert Ier lui donne un terrain dans le Cotentin pour bâtir un monastère. Il entre en relation avec St Hélier, qui évangélisera Jersey. Là, il l'assistera dans ses derniers moments, en 558. Durant les invasions normandes, ses reliques furent transférées dans l'Aisne, à Corbery, où les rois de France allaient en pèlerinage avant de procéder au toucher des écrouelles. Le septième enfant mâle, appelé Macou, aurait le même pouvoir de guérison.

Elisabeth

Fille du roi de Hongrie, elle est mariée à 14 ans au fils du Margrave de Thuringe ; veuve à 20 ans, elle se consacre aux pauvres et aux lépreux qu'elle soigne mais elle nourrit et accueille tous les petits enfants pauvres du voisinage ; elle guérit les croûtes de lait et les teignes.

Guy

Mal de Saint Guy : La chorée

Mort en 303, né en Sicile ou en Italie du Sud, fils d'un sénateur païen, aurait été converti par sa nourrice et son précepteur et aurait été martyrisé en leur compagnie sous le règne de Dioclétien, probablement à Rome. Particulièrement vénéré pendant le Moyen Âge et en Allemagne, il est représenté dans un chaudron, tenant un chien en laisse. Sa fête est célébrée le 15 juin.

Mathurin

Alors que son père martyrise les chrétiens, il se convertit, est prêtre à 20 ans et il guérit la belle-fille de l'empereur atteinte d'un dérangement cérébral : on l'invoque contre les maladies mentales.

Leger

Né sur les bords du Rhin, fils de Sainte Sigrade, il fait ses études à Poitiers et il devint abbé de Saint-Maixent ; il fut chargé de l'éducation des enfants royaux, Clothaire III, Childéric II et Théodoric ; nommé évêque d'Autun, il défend les droits de Théodoric contre Ebroïn, qui le fit martyriser en lui arrachant d'abord les yeux : on l'invoque dans les maladies oculaires et les convulsions. Son frère fut supplicié avec lui.

Lazare

Mal de Saint Lazare ou Ladre : La lèpre

D'une riche famille juive, frère de Marthe et Marie-Madeleine, les saintes femmes de l'Évangile, il est maltraité ainsi que ses sœurs en l'an 35 et mis dans un bateau qui aurait navigué jusqu'à Marseille, dont il devint le premier évêque. Emprisonné pour ne pas avoir sacrifié aux idoles, il fut décapité. Sa tête serait restée à Marseille, et les reliques de son corps transportées à Autun.

Denys l'Aéropagite

Membre d'une famille noble d'Athènes du début de notre ère, il est choisi comme conseiller de l'Aéropage, le tribunal suprême ; converti par la prédication de St Paul, il lui demande le baptême et il fut le premier évêque d'Athènes ; il soigne les céphalées, les vertiges et la jaunisse.

Antoine de Thèbes ou le Cénobite (251 - 356)

Le Feu Saint Antoine : l'ergotisme

Ami de l'évêque d'Alexandrie, Athanase, qui écrira sa vie, il fuira la persécution de l'empereur Dioclétien et deviendra ermite dans le désert d'Égypte ; il est à l'origine de l'érémitisme qui prône la recherche spirituelle dans la solitude, le silence et la méditation. Comme la solitude peut être dangereuse, et très célèbre est l'épisode de sa tentation, où le diable qui aurait pris l'apparence d'un cochon, lui aurait proposé des jeunes femmes désirables à souhait, et à laquelle il aurait résisté, le cochon devenant alors un paisible compagnon : cette péripétie a été reprise en romans (Flaubert), en peinture (Teniers, Bosch, Tiepolo, Véronèse, Cézanne, Dali) et en musique. Il fut élaboré le cénobitisme, qui conseille aux ermites de se regrouper : il y eut jusqu'à 10 000 ermites en Égypte. Arles se targue de conserver les reliques du saint. Il est souvent représenté avec un cochon à ses pieds ou tenant une clochette. Il est invoqué depuis une 'épidémie' d'ergotisme qui eut lieu en France au XIe siècle et pendant laquelle les prières qui lui furent dédiées auraient permis de nombreuses guérisons.

Remi

Né à Cerny, près de Laon, il devint évêque de Reims ; il baptisa Clovis à Noël 496 avec 3.000 guerriers et consacra ainsi le royaume de France au christianisme ; il est invoqué pour soulager les coquelucheux.

Reine

Mal de Sainte Reine : La gale

Décapitée à l'âge de 16 ans en 252 à Alesia (Alise Sainte-Reine). Son culte est attesté par une basilique érigée au Ve siècle sur son sarcophage à Alise. Sa fête est le 7 septembre : à la Sainte Reine, sème ton bon grain. Il existe une autre Sainte Reine qui était veuve et qui fonda un monastère à Denain au VIIIe siècle. Sa fête est célébrée le 1er juillet.

Mathurin

Mal de Saint Mathurin : La folie

Né à Larchant à la fin du IIIe siècle d'un père chargé d'exterminer les chrétiens par l'empereur Maximien, il est baptisé secrètement à 12 ans, convertit ses parents, devient prêtre à 20 ans ; la légende dit qu'il aurait bénéficié d'un don pour calmer les énergumènes et chasser les démons. Sa réputation s'étend : emmené à Rome pour soigner Théodora, la belle-fille de l'empereur, il lui fait boire de l'huile qu'elle vomit avec le démon. Il vécut encore 3 ans à Rome. Son corps fut ramené à Larchant . Invoqué pour les fous et les "épouses insupportables", il est le patron des bouffons, des clowns, mais aussi des marins en Bretagne et des potiers d'étain à Paris. Sa fête est le 1er novembre.

Cunegonde

Impératrice germanique du XIe siècle, elle se retira, une fois veuve, dans le monastère de Kaufungen qu'elle avait fondé et où elle préparait des potions pour la grossesse; son mari aurait accepté qu'elle conserve la virginité à laquelle elle s'était vouée, dès sa jeunesse ; elle est réputée protéger les femmes enceintes car à la Sainte Cunégonde (3 mars) la terre redevient féconde.

Quentin

Mal de Saint Quentin : L'hydropisie

Fils d'un sénateur romain du IIIe siècle, vient prêcher l'Évangile en Gaule, dans la région d'Amiens. Son succès est tel que le gouverneur romain Rictiovarus le convoque et lui ordonne de sacrifier aux dieux. Quentin refuse et est cruellement martyrisé.

Martin

Mal de Saint Martin : L'ivresse

Fils d'un officier de la cavalerie romaine, né en Pannonie vers 316, il est élevé à Pavie où son père s'est retiré. À 10 ans, il demande à être instruit dans la religion chrétienne puis souhaite mener une vie monastique, mais son père, païen, l'enrôle de force dans la cavalerie romaine. Lors d'un passage de sa cohorte près d'Amiens, âgé de 18 ans, il coupe en deux sa cape et en donne la moitié à un mendiant croisé sur la route (pourquoi la moitié, parce que selon la coutume, l'autre moitié ne lui appartenait pas mais appartenait à la cavalerie). À 40 ans, rendu à la vie civile, il se rend à Poitiers où il reçoit de l'évêque St Hilaire le plus bas des ordres mineurs, par humilité. Il part évangéliser la Pannonie puis revient en Gaule : ordonné prêtre, il fonde un monastère à Ligugé où les chrétiens de Tours viennent le kidnapper pour le porter sur le trône épiscopal ; il est sacré le 4 juillet 371. Il fonde un monastère à Marmoutiers où il mène une vie simple. Il aurait évangélisé la région de Trèves et le Luxembourg. Mort en 397, une église est érigée à Tours où se recueilleront Clovis, Charlemagne, Philippe-Auguste, St-Louis, Henri IV, Louis XIV. Sa fête est célébrée le 11 novembre.

Gilles (640 – 720)

Mal de Saint Gilles : Le cancer

Athénien de race royale, à la mort de ses parents, il donne tous ses biens aux pauvres puis il quitte son pays et se retire dans une forêt près de Marseille, se contentant pour toute subsistance du lait d'une biche. Lors d'une chasse, Wanda, le roi des Wisigoths, le rencontre et, admiratif, il protège la biche sur le point d'être abattue et fait construire sur le lieu un monastère.